L'UMR Nutripass prendra fin au 31 décembre 2020 - Rendez-vous dans les UMRs Moisa et QualiSud

• Frank Wieringa
• Jacques Berger

 Les carences en micronutriments ont un effet immédiat sur la croissance et le développement des jeunes enfants, et une responsabilité élevée dans la morbidité et la mortalité globales. Par exemple, les carences en vitamine A et en zinc sont responsables respectivement de 0,6 et 0,4 millions de décès par an. Mais elles peuvent être présentes tout au long de la vie, et pourraient être associées, aux âges plus avancés, à l’obésité et aux maladies chroniques. C’est une forme de ‘double charge’ nutritionnelle intra-individuelle, et la question de la nature du lien, coïncidentale ou non, est alors posée.
 
 En matière de prévention, les deux voies les plus explorées sont la supplémentation et l’enrichissement d’aliments, qui permettent d’apporter davantage de micronutriments lorsque les besoins sont augmentés, en particulier lors des phases de croissance rapide chez le nourrisson et le jeune enfant et lors de la grossesse. Les études menées au cours des années précédentes se sont concentrées sur ces populations cibles afin de définir les stratégies pérennes les plus appropriées dans un contexte de populations aux ressources limitées. Un des enseignements les plus intéressants a été de démontrer que les doses de micronutriments recommandées internationalement étaient dans de nombreux cas trop élevées avec des effets secondaires néfastes, par exemple sur le poids de naissance et l’apparition de radicaux libres. Nos études ont aussi démontré que les interventions préventives anticipant la survenue des carences étaient tout aussi efficaces avec des doses beaucoup plus faibles que celles préconisées, résultats renforcés par les études d’enrichissement d’aliments. Enfin la période d’intervention la plus pertinente s’étalerait de l’année précédant la grossesse jusqu’à la deuxième année de vie du jeune enfant, ce qui fait de plus en plus consensus au niveau international.
 
 Les travaux en cours continuent à être focalisés sur cette période de vie et des opérations de recherche sont menées, en Asie du Sud-Est, toujours, mais également en Afrique de l’Ouest, dans un contexte de partenariat avec ces pays du Sud, ainsi qu’avec des partenaires de pays du Nord et des organismes internationaux (OMS, UNICEF…). Les premières études portent sur des questions non encore résolues comme: 1) l’inefficience dans certains contextes des supplémentations en vitamine A à haute dose des femmes allaitantes afin d’améliorer le statut en VA des nouveaux-nés, sans doute liée à un problème d’inflammation et de stress post-partum ; 2) le risque élevé de carence en micronutriments chez les nourrissons ayant subi un retard de croissance intra-utérin et l’impact d’une supplémentation post-natale en micronutriments ; 3) l’impact d’une supplémentation en vitamine A en plus du zinc et de l’ORS (réhydratation par voie orale) chez les enfants atteints de diarrhées, afin de diminuer la morbidité ; 4) le rôle de la vitamine A sur l’absorption du fer.
 
 D’autres études en phase de préparation porteront sur la faisabilité et l’impact du riz enrichi en multi-micronutriments chez les groupes à risque de carence ; le développement d’aliments de complément à l’allaitement maternel avec des produits locaux (ex. pâte de poisson) garantissant une teneur et biodisponibilité adéquates en fer et zinc, mais aussi d’une manière plus générale une bonne valeur nutritionnelle globale (protéines, oméga 3).
 
 Concernant la période pré-conceptionnelle, deux études sont en préparation, tout d’abord au Laos afin de comparer l’impact d’une supplémentation préventive intermittente en multi-micronutriments vs une supplémentation classique ou intermittente en fer/folates avant la grossesse, et au Vietnam, dans le prolongement de nos études précédentes sur l’impact d’une boisson enrichie en micronutriments avant la grossesse mais aussi sur le déroulement de la grossesse et le développement du nourrisson.
 
 Enfin, des problèmes de ‘double charge’ nutritionnelle, concept évoqué pour des situations de coexistence chez la même personne de carences en micronutriments associées à l’obésité et aux maladies chroniques, sont également étudiés dans des contextes de pays en transition alimentaire et nutritionnelle (cf. plus loin).

 Autres personnes impliquées

 Chercheurs : Francis Delpeuch, Agnès Gartner, Bernard Maire
 Cadre technique : Sonia Fortin, Yves Kameli, Edwige Landais,  Pierre Traissac, Christèle Vernière
 Doctorants : Nga Phan Bich, Thuc Luu Thi My, Tran Van Khan, Tu Nguyen Song, Jutta Kloppenborg Heick Skau

Les programmes :  

 Supplémentation en vitamine A
  Supplémentation retardée (6 semaines post-partum) vs. standard (< 3 jours post-partum) en vitamine A à haute dose (200.000 à 400.000 UI) de femmes allaitantes.
 Lieu : Vietnam. Collaboration : Institut National de Nutrition (INN) de Hanoi ; Durée : 3 ans, 2010-2012 ; Financement : Fondation Trasher.

 Supplémentation en fer/multi-micronutriments de jeunes enfants à risque (2 études)

• Supplémentation en fer et multi-micronutriments de nourrissons atteints de retard de croissance intra-utérin vs. des nourrissons de croissance normale, avec suivi au cours de la première année de vie. Lieu : Hanoi ; Durée : 3 ans, 2008-2010. Collaborations : INN et Hôpital Obstétrique de Hanoi ; Financement Min. Santé du Vietnam et IRD.
• Supplémentation en multi-micronutriments (vs. 20 mg zinc seul/10 j) d’enfants en épisodes diarrhéiques à l’hôpital de Hanoi.
   Durée : 3 ans, 2009-2011. Collaboration et Financement : Min. Santé du Vietnam.

 Supplémentation préventive en fer-folate et multi-micronutriments de femmes en âge fertile
 Lieu : Laos. Collaborations : Institut Pasteur Laos, Paris, Min. Santé du Laos. Durée : 2010-11

 Enrichissement en micronutriments d’aliments divers (3 études en préparation)

•  Etudes d’effectiveness d’un riz enrichi en multi-micronutriments (‘Ultra rice’) : a) Nourrissons, jeunes enfants et femmes enceintes. Lieu : Hanoi ; Collaborations : INN Hanoi et PATH, Canada ; durée : 4 ans, 2010-2013 ; b) Scolaires. Cambodge (avec PATH) ; financement prévu : PAM ; Durée : 3 ans, 2010-12.
•  Amélioration d’aliments de complément à base de riz par l’adjonction d’aliments locaux (e.g. poisson séché) riches en micronutriments (Winfood). Collaborations : INN (Hanoi), Université de Copenhague ; Durée : 3 ans, 2010-2012 ; Financement DANIDA.
•  Etudes d’efficacy des aliments de compléments développés dans le cadre du projet européen INSTAPA par l’équipe NA de l’UMR. Burkina Faso et Bénin, 2011-2012.

Expertise : Etude nationale au Maroc. Etat nutritionnel des femmes en âge reproductif et de jeunes enfants consommateurs de produits enrichis en micronutriments. Maitre d’oeuvre : Min. Santé Maroc ; Durée : 1 ans, 2010; Financement GAIN.

 Micronutriments et double charge
 Dans le cadre du Projet Obe-Maghreb, estimation de la double charge : carence en fer et surpoids/obésité, en Tunisie (Grand Tunis) et au Maroc (Rabat/Salé) chez femmes et enfants. En cours ; 2 ans, 2009-2010. Financement CORUS.